Journée un peu folle au bureau. Une journée qui s’étire. Il est 17 h 20. Je dois passer à la garderie, puis à l’école, ensuite récupérer Nadia au Cégep. Le D800E est à mes côtés. Il me reste 10 minutes. Du bureau, j’aperçois au nord le quai de Rivière-du-Loup. De là, j’ai une vue imprenable sur la ville.
L’heure bleue tire à sa fin, pire encore, les nuages sont opaques. Une pluie aussi froide que douce tombe sur la ville, j’ai oublié le 24mm à la maison… et il ne me reste plus que neuf minutes.
Le quai de Rivière-du-Loup offre une vue panoramique sur la Ville de Rivière-du-Loup. Une vue magnifique, mais qui s’est retrouvée dans le viseur de nombreux photographes. À ce propos, une fidèle du blogue – elle se reconnaîtra – m’a écrit la semaine dernière : « La vue de la Ville du quai, ça été faite amplement. » Quelle bonne raison pour ne rien faire et laisser le reflex dormir dans son sac.
Une vue est-elle immuable? Pari tenu. Tic-tac, le temps file.
Me voilà au quai. Me cramponnant à mon trépied, la pluie verglaçante a fait son œuvre, j’explore du bout des pieds l’environnement. La vue vaut le coup d’œil. Mais l’idée est de faire différent. Je repère un navire, la ville en arrière-plan. L’heure bleue? Partie. Voilà le concept, utiliser ces écueils et les transformer en points forts. La pollution lumineuse qui se reflète dans les nuages et la ville deviendront ma toile de fond, le navire sur son chariot le sujet. Impossible de déplacer le lampadaire? Je l’intègre. Le feu de circulation passe au vert et accentue la couleur du verte.
Variation sur un même thème. [D800E + 28-300 VR, ISO 320, 30sec, f7,1, 30 janvier 2013]
Réussir dans l’adversité. Clic!
Mon dix minutes est passé, vite, la garderie. Run, run, run…
Ma photo n’est pas parfaite, mais j’en ai retiré du plaisir, plus encore j’ai appris. J’ai manqué de temps pour tourner autour de mon sujet, trouver un angle plus original, isoler un détail. C’est donc partie remise, mais je sais maintenant où, comment et avec quoi. Et dire que mon D800E aurait pu rester dans son sac…
Comme c’est beau! J’aime beaucoup vos photos Monsieur Drouin.
Bonjour, merci pour le commentaire et bienvenue sur le blogue.
Superbe! Faire du beau avec un vieux bateau et da la pollution lumineuse. Quand même! Au 24, même 20mm ça aurait été fou!
C’est ça, tournez le fer dans la plaie! hi!hi!
J’aime la vision que tu as des choses. Avec toi, le laid devient beau. Tu me fais redécouvrir un coin de pays. Merci.
Rien n’est jamais absolu,certainement pas la laideur. Je l’ai trouvé pas mal moi ce Munroe Chicoutimi.
Très beau. J’aime beaucoup l’arrière-plan. Les couleurs sont magnifiques. Moi aussi, j’ai eu la même réflexion, à savoir qu’à Rivière-du-loup tout a presque été photographié et qu’on ferait en quelque sorte du plagiat.
MAIS….comme tu le dis si bien, rien n’est immuable,éternel. On peut prendre la même photo tous les deux et avoir un résultat tout à fait différent.. Je prends une vue d’ensemble et toi un détail qui rappelle la même scène.. Tout dépend de l’oeil du photographe(on analyse pas tous une scène nécessairement de la même façon) , de sa première impression à la vue de son sujet.
Et c’est toujours un beau défi que d’essayer de montrer un sujet maintes fois photographié, sous un angle différent, nouveau.
Les couleurs! Ça ma fendu le coeur de les désaturer sur la deuxième photo. Mais je souhaitais un look, disons, plus hiver.
Jean, je vais te citer Gilles Vigneault lorsque questionné à savoir pourquoi il écrivait encore de la poésie : « Tout a été dit, oui, mais pas par mouâ! »
Tout a été photographier, oui, mais pas par moi. Et c’est valide aussi pour vous lecteurs!
Merci François, c’est un très beau billet et de magnifiques photos……
« Jean, je vais te citer Gilles Vigneault lorsque questionné à savoir pourquoi il écrivait encore de la poésie : « Tout a été dit, oui, mais pas par mouâ! » »
Avec le style à Gilles Vigneault, c’est tellement concret comme exemple….dans le mile!!!
Je m’approprie ce billet, merci, bonne nuit! 😉
Merci Marie-Claude. Bonne nuit à toi aussi et merci de ta présence régulière. C’est fichetrement apprécié. 😉
Excellent billet dans lequel on peut facilement se reconnaître. Malheureusement, quand tu es novice, parfois tu n’oses pas appuyer sur le déclencheur. A tord, car presque à chaque fois que j’ai appuyé en me disant « tant pis », j’ai finalement été surpris par la photo et du coup, j’en ai retiré de la satisfaction et engrangé une bonne expérience.
» (…) quand tu es novice, parfois tu n’oses pas appuyer sur le déclencheur. A tord, car presque à chaque fois que j’ai appuyé en me disant « tant pis », j’ai finalement été surpris par la photo et du coup, j’en ai retiré de la satisfaction et engrangé une bonne expérience. »
C’est comme ça que j’ai débuté plus sérieusement à faire de la photo. En me disant « tant pis » mais je le fais pareil. Puis parfois un peu surpris devant un résultat bien plus satisfaisant qu’anticipé, d’autres fois amèrement déçu, j’ai fait l’effort de comprendre les éléments forts de cette réussite ou de cet échec.
Merci de ton passage et intervention Sandro, c’est apprécié.