Las du matériel lourd et pesant pour des sorties photo sans prétention, des balades en famille, du vagabondage photographique, de la street photo, je me suis remis en question. Ma pratique de la photographie aussi, car à force de ne rien vouloir manquer, on manque parfois l’essentiel.
Mise en contexte : Début juin, à San Francisco, je marchais sur la Haight, cette fameuse rue ayant hébergé, au propre comme au figuré, le mouvement hippie américain. Le bon sens aurait voulu que je marche les yeux grands ouverts, mais c’est plutôt la tête baissée et le dos rond que je déambulais. Mon dos me faisait souffrir. Sur mon épaule, depuis trois heures, un sac contenant un D810 et trois objectifs (16-28f2.8, 28-300 VR et 35f1.4). Je ne voyais plus la Haight, ni ses commerces, ni même sa faune urbaine. Je marchais. En fait, je portais, je transportais. Une mule.
J’ai utilisé tour à tour chacun de mes objectifs, j’ai capturé des dizaines d’images, alors il est où le problème ? Dans le plaisir perdu, quelque part entre deux vertèbres lombaires, intersection Haight – Hashbury.
Je me suis assis. Je capturais des images, mais je ne faisais plus de photo. Je n’étais plus créatif. Je faisais fausse route.
À titre de photojournaliste, je passe mes journées avec un Nikon D750, une 28-300 VR, une 50f1.8 et un SB-910 que mon employeur me fournit. Pour tout le reste, il y a mon D810. Mais à ce moment précis, sur un trottoir de San Francisco, je n’en voulais pouvais plus.
Nikon D810
Le D810 est le boitier le plus plaisant, complet et qualitatif que j’ai eu la chance de posséder (Nikon D800E et D300, Canon 40D, 30D et 350D. Aucun de ses rares défauts ne me pose problème. Photographiquement parlant, il est le boîtier avec lequel je m’exprime le mieux. Le plein format est un capteur riche, capable de délivrer une qualité d’images superlatives pour peu qu’on lui offre des objectifs de qualité.
Mais là, sous le soleil de la Californie, à l’autre bout du continent, je ne recherchais pas une qualité superlative, j’étais même prêt à l’échanger, cette qualité, pour quelque chose comme un boitier nommé «Plaisir». Il me fallait trouver un APN complémentaire avec lequel la perte de qualité pure serait occultée par, disons, une maniabilité accrue, un gain notable dans l’économie de poids et de compacité. Un boitier avec lequel je me sentirais libre plutôt qu’écrasé. L’idée est un peu là.
Un photographe libéré ne peut que s’exprimer, s’émanciper (ok, c’est peut-être un peu fort).
LES CHOIX small is beautiful
Fuji : J’en salivais d’avance. Le look, la réputation, les lentilles… tout quoi. Mais la prise en main du XT-1 s’est finalement avérée décevante. Mes doigts n’ont pas trouvé leur marque. J’accorde un minimum d’importance à la prise en main qui, pour moi, se doit d’être agréable et confortable. Ça n’a pas été le cas. Quant aux objectifs, j’ai trouvé le 18-135 lourd. Bien construit, mais volumineux. Même chose pour la 10-24. Dommage, Fuji a un parc optique digne de ce nom, mais le look vintage/hipster se vend ici à prix d’or.
Olympus : En septembre 2012, j’avais testé l’Olympus OM-D E-M5 et… la prise en main s’était révélée décevante. Le viseur moyen, le revêtement et les mollettes aussi. Pas mauvais dans l’ensemble, mais pas à mon goût. Je n’avais donc pas d’attente sur cet E-M5 mkII. Boum, coup de foudre !
Viseur nettement amélioré, l’écran arrière, les molettes, l’ajout de boutons évitant le recours aux fastidieux menus Olympus. Le boitier est suffisamment petit pour être placé dans une poche de veste ou de pantalon de type «cargo». Le parc d’objectifs micro 4/3 est riche et varié. Dans le cas des deux zooms qui m’intéressent (9-18 et 14-150) le poids et la dimension s’avèrent réduits. Les focales fixes Olympus sont incroyables ! Les Zuiko 12, 17, 25 et 45 sont compactes pour une qualité optique irréprochable le tout à un prix plus que correct. Et c’est sans compter Panasonic !! La nouvelle Lumix 42,5 avec sa mise au point à 20 centimètres sera mienne ! Pour quiconque possède un boitier Panasonic, la petite 20f1.7 est un must have (attention, AF lent sur boitier Olympus). C’est sans compter sur les optiques dites «Pro» dont la qualité a de quoi impressionner. Mention spéciale à Sigma, les résultats obtenus avec la 60f2.8 (220$) m’ont renversé. Bref, je ne me suis même pas rendu aux autres options disponibles.
J’ai donc vendu ma 28-300 VR, la 50f1.4G et la 17-35 afin de financer l’achat de ce nouveau matériel.
Mon D810 garde pour lui ses fixes et ma 16-28. Le boitier typé création, le boitier principal, à quelques exceptions.
J’ai choisi Olympus pour son parc optique évidemment, le gain de poids et d’espace, la dynamique surprenante, la qualité d’image délivrée jusqu’à 1600 ISO, la justesse de la mesure de lumière, la stabilisation particulièrement efficace et… parce que je trouve le boitier bien foutu. Olympus donc, pour le plaisir. Un plaisir qui me rappelle mes premiers pas, guidé au début des années 90 par Yvan Roy, avec tantôt un vieux Pentax, tantôt un Olympus OM (dont j’ai oublié le numéro). Me voilà avec un boitier que je peux apporter partout, sans compromis sur la portée focale et qui en condition de lumières correctes (il n’a pas besoin de plus) est parfaitement capable de s’acquitter de la tâche.
Imaginez, au creux d’une seule main je dispose d’un boitier affichant une rafale de 10 images par seconde sur lequel est montée une 75-300 équi. 150-600 (merci à l’ami Jean pour le prêt). Vous verrez le fruit de la récolte, deux piafs croisés en une heure de billebaude, d’ici la semaine prochaine. Un boitier réactif, qui, déjà en street photo correspond à mon approche plus «minimaliste». Je n’aime pas intimider un sujet lorsque je pointe mon objectif dans sa direction. Je le constate presque quotidiennement dans mon travail professionnel. Effrayant le gros reflex, je serais tenté de répondre dans l’affirmative. Nous y reviendrons dans un autre billet.
Les deux appareils, Nikon D810 et Olympus OM-D E-MmkII, équipés de leur 35mm respectif.
Parmi les déceptions notons l’AF-C, tout simplement inutilisable (ou j’ai loupé un truc), les menus Olympus (Nikon est un monstre d’ergonomie à côté, c’est dire) et dans une moindre mesure, le viseur. Le viseur électronique est bon, satisfaisant même, mais ce n’est en rien comparable à la clarté et la précision d’un viseur optique.
Une chose à propos de ce génial petit boitier : Pour mes critères, il ne remplace pas un boitier au capteur plein format. Ni maintenant, ni demain. Oh, il m’a permis de me libérer de certaines contraintes, mais soyons réalistes, en qualité d’image pure, «y a pas photo». Même en mode 40mpx, la rondeur et le moelleux que j’obtiens avec le D810, je ne l’ai pas encore vu avec le E-M5 mkII.
Au tennis, Djokovic me pulvérisera même s’il joue avec une antique raquette de bois. Un très bon photographe fera de très bonnes photos avec un mirrorless. Mais donnez-lui un outil comme un D810, un D750 et une bonne optique et admirez le résultat.
MIRRORLESS EN BREF
Je me suis tourné vers les appareils sans miroir pour gagner en poids et en compacité. Je comprends mal ceux qui, pour les mêmes raisons, vont se tourner vers Sony et son parc d’objos rikiki. Le plein format c’est bien, mais si le reste ne suit pas… Quant aux objectifs disponibles, certains (plusieurs) n’offrent pas de réelles économies de poids et de compacité alors que l’utilisateur doit se contenter d’un viseur électronique et d’un AF plus lent. Fuji, c’est de jolis boitiers, de superbes objectifs, mais à quel prix ! Pour 100 $ de plus qu’un XT-1, vous pouvez vous offrir un Canon 6D, quand même ! Si comme moi vous souhaitez jouer le jeu de la compacité du mirrorless jusqu’au bout, je ne saurai trop vous conseiller de regarder du côté d’Olympus et Panasonic. Ce dernier, avec son GF7 incarne l’esprit même du sans miroir de poche. Nadia a trouvé le successeur de son Nikon1 V1.
Nikon 1 V1 -> https://francoisdrouinphoto.com/nikon-1-et-des-photos/
Olympus OM-D, tu m’en diras tant. Je suis à moitié surpris par cette décision. Pas surpris connaissant tes influences, mais un peu quand même parce que je connais aussi ton appréciation des reflexs full frame. Tu le mets à l’épreuve ce weekend à Montréal ? Le D810 en backup ?
He oui, Olympus. J’y songe depuis le E-M5. Le mkII est arrivé à point pour moi. Certainement que le petit boitier sera de la partie à Montréal. Je compte même laisser le D810 à la maison. Je suis encore surpris du piqué des ma 17f1.8 et de la Sigma 60f2.8. La 75-300 de Jean semble meilleure (en piqué) que ce que j’anticipais. Bien hâte d’essayer ma 42,5 Pana. Bon je vous laisse, départ dans pas long et aucun bagage de fait. HAHA!
Je suis interessé par votre démarche ne serait-ce que par votre statut professionnel. L’outil ne fait pas le photographe, mais l’outil bien adapté lui permet de laisser sa créativité.
Dites moi, comment se comporte l’autofocus, en AF-S ? Rapide ? Discriminent ? Précis ?
Bonjour Sylvain,
Il est en effet très rapide avec des objectifs Olympus, comme la 17f1.8 (plutôt lent avec la Panasonic 20f1.7 mkII, je n’ai pas encore pu tester la Panasonic 42,5f1.8). Mon « statut de professionnel » fait en sorte que je me trimballe avec un D750 + 28-300 VR + 50f1.8 + SB910 et une carte de Presse. Tout passe par l’image, pas tant sa qualité (pure) en matière de piqué, mais par l’émotion et l’information qu’elle véhicule. À titre de photojournaliste, peut m’importe l’outil, tant que j’obtiens le résultat escompté. J’ai remporté le prix Antoine-Desilets 2014 avec une photo prise en .jpg (!!!) avec un D7100, un appareil que je n’ai jamais vraiment apprécié, qui n’était qu’un outil comme un autre. À titre personnel, le plaisir tant dans le résultat que dans la prise de photo sont intrinsèquement liés.
Même parcours pour moi, après pesté sur les 10 kilos de mon sac photo, avoir salivé devant les Fuji, je viens de choisir l’OM-D en second système, pour ses optiques vraiment compactes, son prix (j’ai choisi le M-10), le poids raisonnable des fichiers et même conclusions sur les menus. En revanche je suis plutôt agréablement surpris par le viseur, mais il faut dire que ma précédente expérience en la matière remonte de au Minolta Dimage 7hi ! Au final je pense que le choix du MFT est plus rationnel que celui de l’APS-C lorsqu’on on est déjà équipé en Full frame, car il constitue une vraie différence entre les 2 systèmes. J’ai opté sans conviction pour un zoom de base, mais définitivement, mon goût pour les focales fixes me conduira à bazarder rapidement ce caillou pour le remplacer par une triade de ces attractives petites optiques disponibles dans le MFT. L’épreuve maintenant c’est de trouver un sac photo dans le quel il ne nage pas, car prendre un boitier compact pour toujours avoir un gros sac à trainer…
Bonjour Régis, bienvenu sur le blogue.
Je ne peux que « plussoyer » votre commentaire. J’en ai rêvé avec Nikon (Nikon 1), mais c’est Olympus qui l’a fait. Les focales fixes, elles sont terribles ! La 17 est superbe, j’ai tâté la 45 qui est minuscule, et la 42,5 (Panasonic) est à peine plus grosse. La 25 est un poids plume. Les zooms pros (merci à l’ami Jean) sont de magnifiques conceptions mais plus grosses et lourdes. N’hésitez pas, les 12, 17, 20, 25, 42,5 et 45 sont d’une compacité inouïe ! Ah, et la Sigma 60f2.8 à 200$ CAD (ça doit donner sous les 160 euros) est incroyable !
Quant au sac, dans le même dilemme que vous, j’ai opté pour un Domke F-5XB. Après trois jours d’errance urbaine, avec le E-M5mkII et la 14-150, 17f1.8 et 60f2.8, je ne suis pas déçu.
Très bon billet François et je suis bien heureux d’avoir un autre utilisateur d’un OM-D avec qui je pourrai échanger. Parfaitement d’accord , ça ne replacera jamais un FF.
Pour ce qui est de l’AF-C, si les réglages de ta OM-5 Mark II sont comme ma OM-1, devrait avoir aucun problème a régler ça. J’ai percé le mystère la semaine passée.
Je ne suis pas convaincu à 100% par la photo que tu m’as envoyée à titre d’exemple. Nous devrons en « rejaser » autour d’un café. 😉 Pour l’OM-D, après t’avoir pratiquement vendu le concept il y a un an et demi, il ne me restait plus qu’à passer de la parole aux actes. Olympus m’a fait le boîtier que je souhaitais, donc…
La Olympus à l’air qu’un bon petit boitier mirrorless, mais à tu pensé regarder du coté de la Sony a7… du mirrorless full frame!!! petit boitier performant, mais le parc d’objectif de sony m’impressionne pas. La preuve j’utilise des lentilles canon sur la a7s!!! (la 24-70 est un brin trop énorme pour le boitier).
Bonjour Jonathan,
J’ai essayé les Sony A7. J’ai vraiment aimé la prise en main, mais c’est un peu tout le reste que j’ai moins apprécié. Comme je l’ai écrit dans le billet, trop peu de lentilles et sans réelle gain de poids et d’espace. Je ne cherche pas à remplacer mon D810, c’est le reflex le plus complet actuellement disponible (bon, je n’ai pas encore eu le 5Ds sous la main). Mais parfois, j’ai besoin de plus simple et discret. Mes tests de l’Olympus m’ont confirmé que ça ne sera pas mon appareil typé paysage, nuit, nuit urbaine et cie. Mais pour la Street photo (à titre d’exemple), le portrait candide, la macro, je vais souvent le privilégier au gros reflex. C’est difficile à expliquer, mais avec l’Olympus je m’autorise une plus grande liberté (sauf dans les iso, hahaha!).
Il m’arrive même de l’oublier, oublier que j’ai sur moi un appareil photo ! #Liberté
Le A7s est pour moi une alternative à un Nikon Df. Une alternative très intéressante. Bien hâte de voir le futur chez Sony. Mais définitivement, le viseur et l’AF doivent être améliorés.
Pour avoir comparé la a7 à la a7s le viseur est de beaucoup meilleur dans la a7s(meme meilleur que l’écran à mon avis), mais l’autofocus laisse vraiment à désiré et c’est leur point faible. J’ai acheté ma a7s en premier lieu pour la qualité de la vidéo(canon et nikon arrive pas à la cheville) et juste pour ça je regrette pas mon choix.
Salut Jonathan, l’utilisation que tu en fais en vidéo, du moins celles que j’ai pu voir, justifie totalement l’investissement. De mon côté, je recherchais un AF (single shot) précis, un truc léger, compact et surtout discret. Que l’on choisisse le Sony plutôt qu’un Nikon Df, je peux comprendre, avec son nouvel Alpha, Sony semble avoir bien fait les choses. Quant à la vidéo sur Nikon, hahaha, en effet. L’Olympus fait à mon sens beaucoup mieux que mon D810 en terme de facilité d’utilisation et de rendement sans investir dans 15 000 $ d’optiques.
Bonjour,
Bien ce blog pour échanger sur EM5 etc. Moi j’ai vendu D7000 contre EM5 il y a 6 mois. Un vrai plaisir…mes obj préférés sont le 75, 45, 9-18, sigma 60, pana 20 1.7 (AF un peu lent) qui pourraient tirer profit facilement d’un 24Mp. Le 14-150 est pratique, et le 75-300 net jusqu’à 200mm, ensuite moins. Tout ce matos dans un sac pour 2 kg, et les objo dans les poches pour changer plus vite. Super stab de l’EM5, Bien aussi la fonction peak pour mise au point au mm des sujets statiques Pour l’AF C il faut absolument éviter le monocollimateur. Je groupe sur la douzaine et c’est mieux; mais pas facile quand même. Mieux vaut caler la mise au point avant.
Bonjour et merci de votre passage.
Le blogue est inactif depuis quelques mois, mais devrait sortir de sa torpeur d’ici deux ou trois semaines. Quant au OM-D E-M5mkII, j’en suis toujours autant «gaga». Du moment que la lumière est bonne , il est surprenant. Avec le black friday, je me suis offert une Panasonic 25mmf1.7 pour 100$ (neuve), qui sera parfaite en photo de rue. Après quelques expérimentations j’ai réalisé que les focales de 50mm (Pana 25f1.7) et 120mm (Sigma 120f2.8) me siéent bien. De toute façon, vu le poids, la Olympus 17,f1.8 et la Panasonic 42,5f1.7 seront toujours dans la besace.